Neurostimulation médullaire : une approche thérapeutique de la douleur sous-utilisée et mal reconnue
Philip Chan, M.D., FRCPC (anesthésiologie, médecine de la douleur), FIPP;
directeur, clinique de la douleur chronique, service d'anesthésie/clinique de la douleur chronique, St. Joseph's Healthcare, Hamilton (Ontario); professeur adjoint en clinique, service d'anesthésie, faculté des sciences de la santé, McMaster University; directeur, programme de résidence en médecine de la douleur, McMaster University; directeur médical, programme de neuromodulation, Hamilton Health Sciences Corporation, Hamilton (Ontario).
Résumé
L'utilisation abusive ou inappropriée des opioïdes devient de plus en plus préoccupante au Canada. Bien qu'il n'existe aucune solution simple à ce problème de société complexe, un accès adéquat et en temps opportun à des soins pluridisciplinaires adaptés pour prendre en charge la douleur chronique est essentiel pour diminuer la dépendance aux opioïdes dans le cadre du traitement de la douleur chronique au Canada. La thérapie de neuromodulation, en particulier la neurostimulation médullaire ou stimulation médullaire (SM), offre aux patients la possibilité de soulager la douleur sans avoir besoin d'effectuer des injections répétées ou d'utiliser des médicaments de façon continue. La SM peut traiter de manière efficace la douleur neuropathique postopératoire persistante ainsi que le syndrome douloureux régional complexe (SDRC). Les candidats à la SM doivent subir une évaluation pluridisciplinaire exhaustive pour déceler les éventuels facteurs physiques et psychologiques qui pourraient nuire aux résultats.
Mots clés : douleur chronique, stimulation médullaire, neurostimulation médullaire, opioïdes, douleur neuropathique, douleur neuropathique postopératoire persistante.
La douleur chronique et « l'épidémie des opioïdes » au Canada
Environ 1 Canadien sur 5 souffre de douleur chronique1,2. De nombreux Canadiens ont un accès limité à un traitement de la douleur chronique adapté et opportun. Une étude a trouvé que le temps médian d'attente avant d'avoir accès à une clinique publique et pluridisciplinaire de la douleur est de six mois; de plus, de nombreuses régions, notamment à l'extérieur des grandes villes, n'offrent pas de services spécialisés de traitement de la douleur3.
Le traitement de la douleur chronique est le plus efficace lorsqu'il est pluridisciplinaire et fait appel aux approches suivantes : médicaments, interventions, démarches psychologiques et mesures de rééducation. Cependant, étant donné le manque d'accès à des services pluridisciplinaires pour le traitement de la douleur, une grande partie de la population canadienne est principalement traitée avec des médicaments, notamment des opioïdes. Seulement un quart des patients canadiens signalent avoir une expérience positive de leur traitement pharmacologique, tandis que 23 % considèrent que leur expérience est peu satisfaisante4. Un traitement prolongé par opioïdes entraîne de nombreux inconvénients, comme la possibilité d'une dépendance et d'une utilisation inappropriée, une constipation, une hyperalgie due aux opioïdes, une dépression respiratoire, des troubles cognitifs et un dysfonctionnement de l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien5.