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La maladie chronique et le vieillissement : la prévention chez les personnes âgées : peut-on relever ce défi ?


La maladie chronique et le vieillissement : la prévention chez les personnes âgées : peut-on relever ce défi?

Conférencier : A. Mark Clarfield, M.D., FRCPC, Chef du département de gériatrie, Hôpital Soroka. Professeur, Sidonie Hecht de gériatrie, Faculté des Sciences de la santé, Université Ben-Gourion, Israël.

Le Dr Clarfield avance qu’il est nécessaire d’apporter une nuance accrue à deux termes clés : prévention et personnes âgées. Les mesures de prévention recommandées ne sont pas toujours indiquées pour les personnes âgées fragiles qui constituent une population hétérogène — certains patients âgés de 80 ans seront en forme pour plusieurs années tandis que d’autres nécessiteront peut-être des soins en établissement.

Même si les soins préventifs font l’objet d’une promotion de plus en plus importante, il mentionne que les médecins n’ont pas l’orientation ou la prédisposition requise pour effectuer des soins préventifs en grand nombre. Ils sont bien formés pour déceler les signes de dégradation de la santé qui précèdent la détérioration de l’état de santé, et les interventions thérapeutiques sont plus efficaces à ces stades précoces.

À des stades plus avancés de la vie, les avantages rattachés au dépistage sont moins importants. En outre, le dépistage peut faire en sorte de ne pas déceler certains problèmes, à cause de biais comme ceux liés au délai d’exécution. Les patients les plus âgés ont des réserves physiologiques moins importantes, ils présentent davantage de comorbidité et de polypharmacie. Les données adéquates sur les personnes très âgées sont peu nombreuses. De plus, les soins préventifs peuvent s’avérer coûteux en temps et mener inexorablement à des interventions agressives qui ne concordent peut-être pas avec les souhaits ou les meilleurs intérêts du patient. Certaines des recommandations en matière de dépistage ne sont pas indiquées pour les personnes âgées fragiles. Par conséquent, le Dr Clarfield estime qu’il est plus important de s’attaquer aux symptômes signalés par le patient.

Quant à la valeur du dépistage, il fait remarquer que les données sur la mortalité et l’espérance de vie véhiculent des renseignements utiles. Les gens appartenant au quartile des personnes les plus en santé peuvent avoir encore dix ans devant eux et peuvent tirer avantage d’un dépistage, mais ceux qui présentent des indications de mauvaise santé requièrent souvent des soins de longue durée et ont en général moins de trois ans à vivre.

Le Dr Clarfield a par la suite recommandé de tenir compte de la sensibilité et de la spécificité des tests. Dans un contexte de ressources limitées, il est primordial d’éviter les séries de tests non nécessaires. En outre, il est important de prendre en considération les risques ainsi que les avantages découlant du dépistage : par exemple, le risque de perforer le colon est présent au cours d’une colonoscopie. Les patients doivent être des interlocuteurs concernés et les médecins doivent toujours tenir compte de leurs valeurs — ces derniers ne souhaitent pas nécessairement se plier à une batterie de tests. Cela est notamment le cas des mammographies, qui engendrent des bénéfices peu importants.

Il a ensuite recommandé de pousser plus loin les mesures de prévention qui se rapportent à la comorbidité. Il a fourni un exemple portant sur la prévention des chutes. Il a encouragé l’identification d’un sous-groupe de patients vulnérables, par exemple, ceux qui prennent de la warfarine (Coumadin), vers qui diriger les mesures de prévention particulières.

Faire participer d’autres professionnels de la santé en vue d’optimiser les ressources et adopter de meilleurs comportements en matière de santé peut engendrer davantage de bénéfices que le dépistage. Il a cerné les quatre principaux domaines de modification des facteurs de risques : l’abandon du tabac, la consommation modérée d’alcool, la consommation de fruits et légumes en quantité suffisante et l’exercice.

À des stades avancés de la vie, il conseille d’évaluer la pertinence d’effectuer les tests Pap, le dosage de l’APS et les mesures de calcification coronarienne ou de simplement arrêter de les effectuer. En contrepartie, les médecins doivent commencer à réduire la polypharmacie, à évaluer les risques de chute et à examiner la vue et l’ouïe ou à se demander si de telles interventions sont toujours pertinentes. Le Dr Clarfield a conclu en affirmant que la prévention peut être efficace si elle est bien ciblée. Les cliniciens devraient examiner les données disponibles et ajouter leur propre jugement clinique. Les mesures de prévention peuvent être bénéfiques aux personnes âgées, mais le rapport des risques sur les bienfaits change de façon imprévisible au fur et à mesure que les gens vieillissent et deviennent de plus fragiles.