La maladie chronique et le vieillissement : application du modèle de la maladie chronique aux personnes âgées
Conférencier : Edward Wagner, M.D., M.Sc., FACP, Directeur, MacColl Institute for Healthcare Innovation, Group Health Cooperative, Université de Washington, Seattle.
Le Dr Wagner a noté que les soins primaires visent de plus en plus les maladies chroniques et les soins gériatriques, mais que la structure et le mode de prestation des soins primaires actuels ne conviennent pas à la population changeante à laquelle ils sont destinés.
Les soins primaires sont offerts à une population croissante et hétérogène souffrant de maladies chroniques diverses. À cause de la très grande demande, on évoque de plus en plus l’effondrement ou la faillite des soins primaires. Une grande proportion des patients reçoivent des soins factuels inadéquats qui n’arrivent pas à contrôler leur état de santé actuel. De plus, les visites pour des soins primaires visent souvent à gérer l’état de santé au quotidien.
Les médecins font de grands efforts pour fournir des soins factuels adéquats, mais des études démontrent que le temps normalement requis pour une pratique fondée sur l’expérience clinique dépasse de plusieurs heures une journée normale de travail.
Le Dr Wagner a suggéré des approches dont le but est d’améliorer les résultats des soins de santé en tenant compte de ces facteurs. Premièrement, les patients doivent faire l’objet d’une pharmacothérapie adéquate. Deuxièmement, ils doivent contrôler eux-mêmes leur état de santé et se montrer plus responsable de leur santé. Troisièmement, des interventions préventives doivent être réalisées périodiquement (la prévention secondaire et la détection précoce sont essentielles). Quatrièmement, la surveillance factuelle et l’autosurveillance doivent être mises en œuvre. Finalement, les soins doivent être accompagnés d’un suivi adéquat en fonction de l’état de santé. Une surveillance appropriée est primordiale étant donné la nature changeante de la maladie chronique.
Le Dr Wagner a indiqué que, selon la maladie, à peu près la moitié des patients reçoivent un traitement fondé sur des preuves. Par exemple, le quart des patients ayant des symptômes de dépression reçoivent un traitement ou sont en attente d’un traitement.
En ce qui a trait à cet écart dans la qualité des soins, il a précisé que le système de santé actuel n’était pas outillé pour gérer ces défis. Il ne serait pas possible d’améliorer un système ayant des failles si importantes au niveau structurel, et ce, même si de plus grands efforts étaient fournis. Des mesures telles que le changement d’équipes, la gestion de cas, les rappels aux patients ainsi que leur sensibilisation ont donné de bons résultats. Les changements qui ont une plus grande incidence sont ceux qui visent à éduquer les patients sur la gestion de leur état de santé. La transformation de l’organisation et de la prestation des soins est aussi efficace. De plus, le fait de recourir aux membres de l’équipe qui ne sont pas médecins, aux rendez-vous planifiés, au soutien à l’autogestion, à la gestion des soins spécialisés pour les patients présentant un risque élevé et à la gestion de la population par des moyens électroniques donnent d’excellents résultats.
En matière de soins de santé, l’interaction la plus productive est fondamentalement celle qui s’établit entre un patient actif et informé et un personnel médical préparé. Ce type d’interaction se manifeste lors de visites planifiées où l’on tire parti tant des données du patient que de l’équipe médicale et que l’on utilise des moyens pour appuyer les décisions afin d’augmenter la productivité.
L’amélioration la plus notable apportée par la technologie de l’information est l’implantation d’un registre des patients qui comprend tous ceux qui se caractérisent par des facteurs de risque élevé (la manifestation d’une ou plusieurs maladie(s) chronique(s)). Ceci rend l’interaction plus fructueuse. Ce type de registre constitue une source d’information (information du patient, médicaments) à laquelle on peut avoir accès rapidement, un outil d’aide à la planification ainsi qu’un instrument pour mesurer le rendement de la pratique.
Le Dr Wagner a souligné que la grande majorité de la population préfère un médecin de premier recours. Les pays offrant les meilleurs soins primaires ont de meilleurs résultats en ce qui a trait à la santé de ses citoyens et les états américains ayant les indices soins primaires/population les plus élevés se distinguent par des coûts moindres et une plus grande efficacité. Il a argumenté en faveur d’une meilleure symbiose entre la gérontologie et la gestion des maladies chroniques. Les soins primaires doivent atteindre cet objectif pour survivre.